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littérature française - Page 5

  • Danse d'atomes d'or d'Olivier Liron

    Danse d'atomes d'or

    de

    Olivier Liron

     

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    « Il pleuvait des trombes sur l'avenue du Général-Leclerc, qui relie à Paris le lion de Belfort aux rats d'égout de la station de métro Porte d'Orléans. J'avais accepté l'invitation de Thmtn et Lwhtn à une soirée où l'on prévoyait de fastidieux jeux de société et j'inclinais déjà à penser que je le regretterais, car mon ami Vediani me bombardait de sms. […] Dans le soir lent à mourir, les bonnes odeurs me faisaient oublier une vieille tristesse, une sensation de vivre en pointillés depuis des années. Je m'étais promené tout l'après-midi au bord de la Seine, avec une vague envie de partir en voyage, de tomber pourquoi pas amoureux, d'inverser le cours de la tristesse et du fleuve. »

    A une soirée chez des amis, O. fait la connaissance de Loren, une acrobate libre et fascinante. Grâce des prémisses. Balbutiements d'une histoire d'amour naissante où on parle « de cinéma, de soleil. De riens. » . Et où on tient aussi des conversations lunaires autour des mardis coincés entre les lundis et les mercredis. Puis, le fracas de la passion, l'embrasement des corps et trois mois à s'aimer dans les rues de Paris. Jusqu'à la disparition inexpliquée de Loren.

    Tel Orphée, O. pleure son Eurydice.

    « Je t'ai cherchée dans tous les recoins familiers du monde. Dans les frissons inconnus. Dans le frôlement d'autres corps, d'autres mains...Je t'ai cherchée dans la géographie incertaine de l'insomnie où la vie se mêle aux songes, lorsque la conscience bascule dans le manque, dans l'absence. Je t'ai cherchée avec la foi de l'enfance. Je ne savais pas si tu étais vivante. Je t'ai cherchée. Partout. A tous les étages de la mémoire et du réel. Dans tous les recoins de l'errance et du vertige. Je t'ai cherchée jusqu'à en perdre l'équilibre. Je t'ai cherchée sur le fil des jours. »

    Puis, arrive une lettre de Tombelaine, en Normandie. O. part crier son chagrin aux vagues. Et apprendre enfin la vérité sur Loren.

     

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    La Valse de Camille Claudel

     

    J'ai immédiatement été happée par ce chant d'amour et de mort, qui fait écho au mythe d'Orphée et d'Eurydice. En trois actes (Orphée, la Normandie et Eurydice), une passion se déploie sous nos yeux, entre éclats de cœur et déchirures intérieures, entre rires et confessions, entre souffrance et absence.

    J'ai beaucoup apprécié la construction: ces trois parties qui scandent cette danse. Deux d'entre elles sont menées par O. qui nous livre le récit de son histoire avec Loren. Et, dans la troisième, c'est Loren elle-même qui nous guide vers les Enfers. J'ai aimé entendre sa voix, comprendre ses choix. Tout comme j'ai aimé le décroché dans la narration par O. Ces tutoiements qui surgissent parfois au détour d'une phrase ou d'un passage et qui résonnent comme une longue plainte d'amour.

    De même, j'ai été vraiment bluffée par le style. Un style vivant, vibrant, émouvant, sensible. Un style qui parle de la poésie de nos quotidiens et de toutes ces bulles enchantées qui surgissent dans nos journées.

    "ici et là, un rayon de soleil filtrant par une fente transformait la poussière en une danse d'atomes d'or."

    Ce livre, c'est de la chair palpitante, des cœurs en lambeaux, des rires derrière le désespoir.

    Ce livre, c'est une magnifique déclaration d'amour à la femme enfuie.

    Ce livre, c'est un hommage à la vie.

    Ce livre, c'est le lyrisme à l'état pur.

    Bref, vous l'aurez compris: cette Danse d'atomes d'or a été un vrai coup de cœur. Sans doute une de mes plus belles lectures de 2018. Et je ne peux bien entendu que vous la recommander.

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    Je vous laisse en bonus un lien vers Poor Edward, la chanson préférée de la fascinante Loren.


     

     

     

     

     

  • Les Silences d'Amélie Antoine

    Les Silences

    d'Amélie Antoine

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    "31 mars 2017-20h30

    Les cernes s'estompent, les poches sous les yeux disparaissent comme par magie grâce à la dextérité de la maquilleuse qui œuvre sans un mot. Elle sait qu’Édouard n'aime pas parler de la pluie et du beau temps, elle sait qu'il exige le silence complet avant d'entrer en scène. Telle une abeille qui butinerait autour d'une fleur, elle s'agite autour de lui: le fond de teint, la poudre nacrée, le blush léger pour effacer les nuits agitées, les journées frénétiques. Lui reste immobile. Le regard rivé au miroir, impassible, il observe la métamorphose. Comme s'il s'agissait de quelqu'un d'autre, comme si ce reflet n'était pas le sien mais celui d'un parfait inconnu."

    Édouard Bresson est devenu, à quasiment 50 ans, l'humoriste préféré des Français. Ses spectacles affichent partout salle comble. Ce 31 mars, il s'est même fixé comme défi de faire rire le Stade de France.

    Parmi les spectateurs qu'il attend avec le plus d'impatience, figure Arthur, son fils. Mais, à chaque fois, la place qu'il lui a réservée reste vide. Et si ce soir, tout changeait? S'il parvenait à trouver les mots pour combler leurs silences et leurs distances? S'il rattrapait enfin ses erreurs lors d'une chasse au trésor qu'il aurait organisée ?

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    Ce livre, je l'ai emprunté par hasard. Son titre ainsi que sa couverture (cette photo en noir en blanc) m'ont t attirée sur la table de présentation des nouveautés de ma médiathèque. Je l'ai entamé un midi et je n'ai pas pu le lâcher.

    Un père, un fils et des silences à déchirer: ces trois ingrédients m'ont embarquée et m'ont tenue en haleine jusqu'à la phrase finale.

    Ce roman se découpe en deux parties: dans la première, le lecteur suit Édouard Bresson, un humoriste reconnu, que le succès à éloigné des siens. Dans la seconde, retentissent les mots d'Arthur, son fils de 24 ans, qui nous livre sa version de leur relation et l'image qu'il a de son père. A chacun de ses fragments, son identité narrative.

    Une manière pour Amélie Antoine de déployer tout son talent. Ce n'est pas toujours évident de bien marquer les différences de voix dans ce genre de construction et elle s'en tire  avec beaucoup de brio.

    En matière d'effets de style, j'ai également beaucoup apprécié la répétition de la dernière phrase du précédent chapitre au début du chapitre suivant dans la première partie. On est sans cesse happés par le monologue d’Édouard. Un peu comme si on se transformait en un spectateur du Stade de France et qu'il ne nous laissait jamais reprendre notre souffle entre deux rires. A la différence qu'ici, ces mots nous touchent en plein cœur et nous font comprendre sa poignante solitude.

    L'autre effet qui m'a particulièrement marquée est cet acrostiche en décalé dans les titres des chapitres de la seconde partie. Comme si nous nous lancions aussi dans une chasse au trésor, en parallèle de celle d'Arthur. Ce n'est qu'au début du dernier chapitre que nous découvrons le sens de ce message caché. Message dont on peut se sentir autant le destinataire que le propre fils d’Édouard.

    En revanche, je dois confesser que le choix de répéter très régulièrement le mot silence, pour mieux sans doute appuyer le propos, ne m'a pas toujours convaincue.

    Ce roman offre deux très beaux portraits d'homme. Des hommes qui sont nos propres miroirs avec leurs élans, leurs rêves, leurs passions, leurs imperfections...

    Édouard, le premier que nous croisons, est parvenu à un carrefour de vie. Derrière cette façade d'homme capable de faire rire la France entière, se dissimulent bien des failles et des blessures. Au gré des chapitres, il effeuille certaines de ses pudeurs et remonte le fil de ses souvenirs à la rencontre de ces événements qui l'ont façonné. Présent et passé s'emboîtent pour nous démystifier ce personnage tout en ombres et en lumière. Forcément fascinant. Forcément émouvant.

    Arthur, le second dont nous faisons la connaissance, est en phase de rejet de son père. Alors que, petit, il lui vouait une grande admiration. Les occasions ratées et les années l'ont éloigné et l'ont nourri de ressentiments. Aussi, cette chasse au trésor le change et le fait mûrir.

    Je ne vous en dirai pas plus, pour ne pas gâcher les rebondissements imaginés par l'autrice. Plein d'émotions m'ont étreinte. J'ai ri parfois, j'ai pleuré souvent. Ce livre a résonné aux tréfonds de mon être. Peut-être parce que le sujet me touche particulièrement...Mais surtout, je pense parce que cet ouvrage est un véritable hymne à l'amour et au pardon.

    Bref, vous l'aurez compris: j'ai eu un coup de cœur pour ces magnifiques Silences.

    Le Livre de Poche, 2017, 397 pages

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  • Poste restante à Locmaria de Lorraine Fouchet

    Poste restante à Locmaria

    de

    Lorraine Fouchet

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    "Il l'aperçoit à la terrasse du Caffe Rosati et c'est l'été, bien qu'on soit en avril. Elle est seule devant un espresso. Il n'aime plus dormir depuis qu'ils sont ensemble, parce qu'ils sont séparés lorsqu'il rêve. Elle a littéralement kidnappé son cœur. Ce jour-là, elle porte une robe orange, sa couleur favorite-il voit la vie en orange désormais. Elle entoure sa tasse d'un geste si sensuel qu'il envie la porcelaine."

    A Rome, début des années 1990, un homme va rejoindre sa femme, à la terrasse d'un café. Mais, distrait, il se fait renverser par une Vespa et meurt sur le coup. Sa veuve Livia est enceinte. Elle accouche de Chiara, une jeune femme, qu'elle élève sans tendresse, en lui faisant comprendre que sa présence est un fardeau.

    Chiara se construit dans ce rejet maternel et dans l'image idéalisée de son père, décédé avant sa naissance. Aussi, quand le soir des 50 ans de Livia, elle apprend par sa marraine qu'elle est peut être la fille d'un pêcheur de l'île de Groix, rencontré lors d'une soirée toscane, son monde s'écroule.

    Décidée à comprendre ses origines, elle part en Bretagne, sur les traces de celui qui l'a peut être conçue.

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    J'avais déjà eu l'occasion de vous parler de la Mélodie des jours et de l'Agence, deux œuvres de Lorraine Fouchet, qui m'avaient fait passer un bon moment de lecture. Et je n'avais pas pris le temps de chroniquer Entre ciel et Lou, un très beau roman "doudou".

    Comme dans ses précédents opus, on retrouve dès les premières pages la "petite musique" de l'autrice. A savoir son style humaniste, son regard tendre sur ses protagonistes et son sens de la phrase poétique qui jaillit au gré d'un paragraphe.

    Poste restante à Locmaria traite de sujets graves: la paternité, l'absence de paternité, la mort des proches, la culpabilité qu'elle génère parfois,le deuil, le déracinement, le rejet, la construction de fausses identités...Mais, ces thématiques parfois sombres et qui résonnent en chacun d'entre nous, s'accompagnent d'amour, d'entraide, de solidarité, de sentiment d'appartenance, de pardon, de reconstruction, de rires, de repas conviviaux...C'est la vie avec toutes ces facettes que l'écrivaine invite dans son œuvre.

    J'ai aimé ce fourmillement d'idées, ce jaillissement d'émotions...Toutefois, vers la fin, j'ai trouvé que cette multitude était de trop. J'aurais préféré m'arrêter plus longtemps sur certains sujets ou certains personnages.

    On suit ainsi Chiara, Gabin, Charles, Perig, Louis, Viola, Livia, Urielle, Rozenn, Didier, Oanelle...Tant de destins qui palpitent, étreignent, pleurent et que nous effleurons parfois à peine. Une fois, encore, ce grand nombre m'a quelque peu gênée dans ma découverte. J'ai regretté de ne pas faire plus ample connaissance avec certains d'entre eux et de rester avec des interrogations.

    Néanmoins, je dois reconnaître que tous ces protagonistes, même s'ils ne sont pas toujours aussi fouillés que je le souhaiterais, sonnent toujours justes. Je me suis particulièrement attachée à quatre d'entre eux: Chiara, Charles, Gabin et Louis. Je me suis même demandée si Lorraine Fouchet n'avait pas mis beaucoup d'elle dans ses trois héros masculins. Le médecin, l'adolescent sans père, l'écrivain...Comme trois échos. Et la pirouette finale a encore plus ancré en moi cette théorie.

    Pour dérouler le fil de l'intrigue, les voix s'entremêlent. J'ai apprécié cette polyphonie narrative car elle m'a permis de mieux cerner Chiara, Louis, Gabin ou Charles. En revanche, j'aurais préféré que ce choix soit uniquement orienté vers des humains. Les monologues de la boîte aux lettres ou de Pégase n'ont pas emporté mon adhésion.

    Comme dans Entre Ciel et Lou, l'île de Groix sert de cadre principal à l'action. L'autrice rend un vibrant hommage à ce lieu. Sous sa plume, on voyage sur les sentiers, bercés par le bruit des vagues; on sent les embruns sur notre peau; on respire l'air iodé et on n'a qu'une envie: prendre un aller simple pour cet endroit d'exception.

    Bref, vous l'aurez compris: même si j'émets quelques réserves et si les rebondissements des derniers chapitres m'ont semblé parfois trop télescopés,  je me suis promenée avec intérêt sur ces chemins bretons. Et j'aurais plaisir à retrouver cette autrice sensible pour son prochain livre.

    Merci à Roxane et aux éditions Héloïse d'Ormesson pour cet envoi.

    Editions Héloise d'Ormesson, 2018, 382 pages